le bac de français facile Analyses linéaires Commentaires composés Textes Auteurs Méthodologie

Tu veux réussir ton bac de français et surtout t'améliorer en analyse linéaire? TU ES AU BON ENDROIT!!
C'est sans inscription, gratuit et sans publicités!

Tu aimes cette analyse?

Avatar

Fait le 19/01/2021 • Aya B.

Imprimer

Analyse linéaire de La Ville

Je n'analyserai le texte que jusqu'à "C'est la Ville Tentaculaire", ligne 49

Ce poème d’Émile Verhaeren intitulé « La Ville » décrit la ville de Paris dans une période d’industrialisation sous le baron Haussmann et d’exode rurale fin XIXème siècle. A cette époque débute le com merce international.

Le mouvement du texte

Départ des ouvriers qui vont vers la ville puis qui découvrent la ville portuaire, un modèle qui suit celui de Les Usines (où l’ont suit les ouvriers). Il y a donc la vision de la ville par les ouvriers.

Partie 1 (vers 1-14)

Le vers 1 fait penser à « tous les chemins mènent à Rome ». Le poète cherche à faire comprendre que les paysans, s’ils quittent leur campagne, se dirigent vers la ville ; il s’agit de l’exode rurale.

Aux vers 2 à 4 : à travers les yeux des paysans qui découvrent la verticalité, on aperçoit la ville au loin avec ses grands bâtiments : « Tous sesétages », « grands escaliers », « jusques au ciel », « hauts étages ». C’est la description de la ville à partir de la campagne.
« rêve » traduit le rêve de la ville idéale, mais c’est aussi lié au Paradis. « brume » évoque l’heure matinale.

Dans les vers 5 et 6, il y a ici un contre-rejet qui met en valeur le mot « là-bas » , qui souligne le fait que les paysans sont loin. Puis au vers 7, les « ponts tressés en fers » évoquent les ponts du métro parisiens qui copient le modèle de la Tour Eiffel. Dans ce vers, les paysans se rapprochent de la villes ; ils y voient des « ponts tressés de fer ». L’adjectif « tressés » rappelle le travail paysan des paniers ; cette structure des ponts évoque aux paysans le tressage. Le « fer », l’acier représente la modernité. Il y a donc une opposition entre la tradition paysanne (tressage) et la modernité de la ville (fer).

Au vers 8, il y a l’impression de mouvement, de légèreté et d’animal (il y a un aspect fantastique).
Puis, dans les vers 9 et 10, on aperçoit une référence mythologique « faces de gorgones » qui commence à donner une face inquiétante de la ville aux paysans. Les « faces de gorgones » font référence aux visages qui ornent les fenêtres et balcons de style haussmannien de Paris. Le poète fait allusion à cette créature mythologique pour montrer à quel point les paysans sont effrayés. Ce peut être lié à quelque chose de mauvaise augure également.

On arrive ensuite dans les faubourgs (c’est-à-dire les banlieues) ; il y a une anaphore aux vers 11-12 qui donnent une impression de grande quantité. Les « tours » et les « toits » ainsi que « vol plié » évoquent le vol des oiseaux de la campagne aux paysans. Il y a ainsi la disparition du monde rural et de la campagne.

Enfin, à la fin de cette première partie, on retrouve le nom du recueil « Ville Tentaculaire » qui donne une impression d’extension et surtout de monstrueux du domaine du fantastique. C’est une allégorie qui représente la ville comme une pieuvre qui dévore les humains, qui sont une main d’œuvre pour cette "pieuvre".

Partie 2 (vers 15-37)

Le vers 15 traduit toujours cette idée de verticalité (avec « debout »). Ensuite, au vers 16, « plaines » (champs) et « domaines » (exploitations agricoles) situent les paysans au bout de la campagne et à la frontière entre la ville et la campagne. C’est une rupture avec la campagne, la fin du voyage jusqu’à la ville.

Les vers 17-19 évoquent des signalisations portuaires, les « grands mâts » des navires qui « bougent » et les « poteaux » qui soutiennent les lumières « rouges ». C’est un monde onirique et fantasmagorique.

Puis au vers 20, Verhaeren souligne la permanente obscurité de la ville (due à la pollution et l’industrie). Cela rappelle la « brume » au vers 2. Il y a une comparaison au vers 21 ; il s’agit d’une analogie, d’une comparaison avec le monde campagnard (qui nous rappelle le vers 7 « tressés »). Cependant ces « œufs » ne ressemblent pas à ceux du monde rural. Ils sont « monstrueux d’or » ; c’est une oxymore qui fait penser au domaine du fantastique (notamment au conte « La Poule aux Œufs d’Or »). Ici, le monde rural est un monde enchanté contrairement à la ville. On rappelle que la ville dans ce poème est vue à travers l’œil créatif, l’esprit empli d’imagination des paysans, qui arrivent dans une ville où rien n’est du rêve et tout est concret. C’est aussi une ville où la religion est peu à peu abandonnée.

Dans les 3 vers (22-24), Verhaeren dénonce la pollution urbaine due au « charbon et la fumée » en insistant sur le soleil (la « bouche » représente le soleil, un disque parfait). « Fermée » montre l’absence de respiration.

Au vers 25, le « fleuve » est un fleuve noir et dérivé du pétrole qui peut nous faire penser au Styx, le fleuve des Enfers dans la Mythologie. En effet, Verhaeren fait souvent allusion à la mythologie (comme dans Les Usines - Voir mon analyse linéaire)

Les vers 27, 28 et 29 décrivent, par une personnification (regard des bateaux), les lumières vertes des « navires ». Ces navires sont des monstres marins pour les paysans qui viennent à peine de découvrir la ville ». L’adjectif « crus » évoque un son désagréable et strident. Le « sifflet » évoque le code morse.
Vers 30: les paysans ne sont pas ouverts au monde, ils ne savent pas où va le navire. C’est l’ouverture au monde extérieur.

L’ouïe est ensuite très présente aux vers 31 à 34 : « sonnent », « entrechocs », « grincent » font entendre des bruits très désagréable. « d’ombre », « sous-sols » et « feu » font penser à un souterrain, à l’Enfer. Il y a aussi la notion de rapidité (« soudainement »). L’allitération en des consonnes très dures (G, [K], T) traduit la dureté des matériaux de l’industrie.

Le vers 35 évoque les ponts qui « s’ouvrent par le milieu » pour laisser passer les bateaux. Toutefois, ces ponts représentent pour les paysans un « gibet », où l’on pendait autrefois les condamnés.
Cette ville qui était un rêve pour les paysans devient un enfer où se dresse la mort, la souffrance et la misère.

Enfin, au vers 37, les « lettres de cuivres » inscrivent le nom et l’immatriculation du bateau.

Partie 3 (vers 38-fin)

On passe ici à la ville, un domaine aérien.

Les expressions « Comme en bataille » compare la ville à un bataillon impeccablement organisée.
Il y a ensuite aux vers 41 et 42 des verbes d’actions (« passent », « filent », « roulent », « vole »). Il y a du mouvement, de l'action. C'est un rythme bien plus rapide que le monde rural.

Les trains des « gares » (vers 43-44) sont comparées avec un navire (« proues ») avec l’outil de comparaison « tel ». Les « frontons » ressembles des temples d’ « or » pour les paysans.

Le vers 45 nous fait revoir le paysage souterrain avec cet environnement économique. L’allitération en R des vers 45 au dernier vers (49) fait entendre le bruit des vacarmes des trains. On a l’impression que les trains sont des insectes qui passent sous-terre, que ce sont des êtres vivants.



Conclusion Ainsi Emile Verhaeren effectue un transfiguration de l’espace urbain en passant de la description d’une ville moderne à une vision apocalyptique, infernale de cette ville grâce à la description d’une ville immense, monstrueuse, déshumanisée. Les thèmes évoqués dans ce poème furent aussi source d’inspiration pour le titre de son recueil “Les Villes Tentaculaires” publié en 1895.

Tu étudies « La Ville »?
Regarde aussi:

Analyse linéaire de Les Usines